Alors, la situation des Aborigènes d'Australie n'est pas brillante.
Il n'y a pas d'Aborigènes qu'en Australie, il y en a aussi en Indonésie toute voisine, et partout dans le monde,ne fait: le mot anglais, ab-original, signifie seulement "originaire de". Un Aborigène, c'est un autochtone, en quelque sorte. Ici, certains les appellent arborigènes, et on imagine donc tout de suite plus de lien entre eux et les forêts plutôt que les minéraux (chtône).
Ce sont des parias dans leur propre pays. Ils ont été exterminés dès l'arrivée des colons Anglais, en quête de bagnes après que les Etazunis ont décrété leur indépendance, d'abord par des maladies nouvelles pour eux - le rhume par exemple - contre lesquelles ils n'avaient pas de défenses immunitaires; puis à coups de fusils quand les colons estimaient qu'ils portaient atteinte à leur propriété (en tuant du bétail) ou leur honneur (en fricotant avec leurs compagnes). En violant, en pillant, en s'appropriant des territoires, en les clôturant, en chassant et en torturant des populations qui ne comptaient pas aux yeux des colonisateurs.
Comme dans toutes les colonies.
Les Aborigènes se comptaient en millions à la fin du XVIIIème siècle, et constituaient des milliers de tribus, plus ou moins nomades, d'une diversité culturelle et linguistique énorme. Ils ne sont plus que quelques dizaines de milliers, confinés dans des réserves au fin fond de l'outback, et soumis à une réification totale de l'état, fondée sur une pression policière permanente. Ils sont citoyens depuis à peine 40 ans, depuis 1967), mais les lois australiennes leur interdisent de mener leur vie selon le mode traditionnel. Ils sont donc dépouillés de leurs biens (à commencer par la terre) et de leurs culture, puis réduits au rang d'assistés sociaux que le reste de la population assimile à des parasites faignants et inaptes.
Dans ce système politique absurde, fondé depuis la fédération de l'AUstralie (en 1900) sur le concept de "White Policy" (politique blanche), les générations volées ont très longtemps été un tabou. Au lieu de s'inspirer du savoir aborigène, qui a permis par exemple à trois gamines ainsi déportées de s'enfuir sans rien dans les poches et de traverser 1500 ou 2000 kms de désert pour rentrer chez elles, les Anglos ont préféré re-déporter les mômes et mépriser la connaissance du pays qu'elles auraient pu leur apporter, pour faire d'elles, comme tous les gamins déportés, des esclaves consentantes des blancs. Le film et le livre "Rabbit-proof fence" racontent le témoignage de ces deux gamines, qui ont maintenant dans les 80 ou 90 ans.
En ce moment, le gouvernement exploite le sous-sol des territoires aborigènes, pour ses richesses en minéraux (cuivre, fer, bauxite), en pierres précieuse (opales), et en uranium, qui doit aussi être retraité, à terme dans le Territoire du nord. Les Aborigènes sont promis à l'avenir riant de garder les poubelles atomiques du monde entier.
Désolée, ce n'est pas un portrait très rose, mais c'est la version réaliste de la version, sûrement très édulcorée, du film de Luhrmann.
Bone année quand même, tout le monde!