« Je crois que je pourrais aller vivre avec les animaux,
Ils sont si placides et si réservés
Je reste des heures et des heures à les regarder
Ils ne s’échinent pas à travailler et ne gémissent pas sur leur sort
Ils ne restent pas éveillés la nuit et ne pleurent pas sur leurs péchés
Ils ne m’écoeurent pas à discuter leur devoir envers Dieu
Il n’en est pas un qui soit mécontent,
Pas un qui soit rendu fou par la rage de posséder des choses
Il n’en est pas un qui s’agenouille devant un autre, ni devant un de ses pareils qui vivait il y a des milliers d’années
Il n’en est pas un sur toute la terre qui soit « comme il faut « ou malheureux.
« Je crois qu’une feuille d’herbe n’est en rien inférieure au labeur des étoiles
Et que la fourmi est également parfaite,
Et un grain de sable, et l’œuf du roitelet,
Et que la rainette est un chef d’œuvre digne du plus haut des cieux,
Et que la ronce grimpante pourrait orner les salons du ciel,
Et que la plus infime jointure de ma main l’emporte sur toute la mécanique,
Et que la vache qui broute, tête baissée, surpasse n’importe quelle statue,
Et qu’une souris est un miracle capable de confondre des sextillions d’incroyants… »
Walt Whitman
Feuilles d'herbe