Merci d'avoir comme un murmure,
Un frisson de brise à travers
Les grands maïs et la ramure,
Laissé pour toi courir mes vers.
Merci d'avoir à mon oreille
Qui s'emplit des soupirs des bois
Et des chants de l'oiseau qui veille,
Montré la fraîcheur de ta voix.
Merci d'avoir à ma tendresse,
Flux qu'arrête un rire moqueur
Et qu'un doux sourire caresse,
Ouvert le chemin de ton coeur.
Merci dans ta bonté charmante
D'avoir accepté tous mes voeux,
Gazouillis que l'espoir augmente
Et qui s'exhale en doux aveux.
Merci, merci, ma bien-aimée,
Sachant trop bien que ta beauté
Est pour moi page, hélas ! fermée,
De ne pas m'avoir rejeté.
Edgar GUILBEAU "Chants et légende de l'aveugle" (1880)