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 Mille e tre (poème Gay)

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AuteurMessage
Cat

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Féminin
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Localisation : Paris
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Date d'inscription : 19/11/2008

Mille e tre (poème Gay) Empty
MessageSujet: Mille e tre (poème Gay)   Mille e tre (poème Gay) Icon_minitimeLun 1 Déc - 15:39

Mes amants n'appartiennent pas aux classes riches :
Ce sont des ouvriers faubouriens ou ruraux;
Leurs 18 et leurs 20 ans sans apprêts sont mal chiches
De force assez brutale et de procédés gros

Je les goûte en habit de travail, cotte et veste ;
Ils ne sentent pas l'ambre et fleurent de santé
Pure et simple; leur marche un peu lourde, va, preste
Pourtant, car jeune, et grave en l'élasticité;

Leurs yeux francs et matois crépitent de malice
Cordiale et des mots naïvement rusés
Partent non sans un gai juron qui les épice
De leur bouche bien fraîche aux solides baisers;

Leur **** vigoureuse et leurs fesses joyeuses
Réjouissent la nuit et ma queue et mon cul;
Sous la lampe et le petit jour leurs chairs joyeuses
Ressuscitent mon désir las, jamais vaincu.

Cuisses, âmes, mains, tout mon être pêle-mêle,
Mémoire, pieds, coeur, dos, et l'oreille et le nez
Et la fressure, tout, gueule une ritournelle,
Et trépigne un chahut dans leurs bras forcenés.

Un chahut, une ritournelle fol et folle
Et plutôt divins qu'infernals, plus infernals
Que divins, à m'y perdre, et j'y nage et j'y vole,
Dans leur sueur et leur haleine, dans ces bals.

Mes deux Charles l'un jeune tigre aux yeux de chatte,
Sorte d'enfant de choeur grandissant en soudard,
L'autre, fier gaillard, bel effronté que n'épate
Que ma pente vertigineuse vers son dard.

Odilon, un gamin, mais monté comme un homme
Ses pieds aiment les miens épris de ses orteils
Mieux encor mais pas plus que de son reste en somme
Adorable drûment, mais ses pieds nonpareils !

Caresseurs, satin frais, délicates phalanges
Sous les plantes, autour des chevilles et sur
La cambrure veineuse et ces baisers étranges,
Si doux, de quatre pieds ayant une âme, sûr !

Antoine, encor ! proverbial quant à la queue,
Lui, mon roi triomphal et mon suprême Dieu,
Taraudant tout mon coeur de sa prunelle bleue
Et tout mon cul de son épouvantable épieu;

Paul, un athlète blond aux pectoraux superbes
Poitrine blanche aux durs boutons sucés ainsi
Que le bon bout; François : souple comme des gerbes
Ses jambes de danseur, et beau, son chibre, aussi !

Auguste qui se fait de jour en jour plus mâle
(Il était bien joli quand ça nous arriva)
Jules un peu putain avec sa beauté pâle.
Henri, miraculeux conscrit qui, las ! s'en va ;

Et vous tous ! à la file ou confondus, en bande
Ou seuls, vision si nette des jours passés,
Passions du présent, futur qui croît et bande
Chéris sans nombre qui n'êtes jamais assez !

1891 d'après Hombres de Paul Verlaine
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