Accessibilité, emploi, précarité, santé… Lorsque l’on évoque les questions liées au handicap, celle du couple
est rarement citée. Pudeur ou tabou ? Qu’en pensent vraiment les Français ?
Voici les résultats du grand sondage GNS-Sélection du Reader's Digest, un sondage commenté par ailleurs par Jean-Marie Barbier, président de l’Association des paralysés de France (www.apf.asso.fr).
88% des Français pensent qu’une personne handicapée moteur peut avoir une vie de couple épanouie.
Commentaire: «Ce chiffre est rassurant ! Le regard des Français sur les personnes handicapées évolue dans le bon sens, et je pense que le travail d’associations telles que la nôtre n’y est pas étranger. Mais ce pourcentage élevé est certainement surestimé : il est difficile d’assumer un jugement critique sur le handicap, même sous le couvert d’un sondage.» « »
73% des persones interrogées pensent qu’une personne handicapée moteur peut avoir une vie sexuelle épanouie.
Commentaire: «L’ensemble des Français affichent ici un regard positif, ouvert, progressiste… A l’inverse, la plupart des personnes handicapées sont persuadées que les valides les estiment incapables d’avoir une vie de couple ou une vie sexuelle épanouies !»
Vous-même, pourriez-vous vivre en couple avec une personne handicapée moteur ?
OUI pour 69% des femmes, NON, pour 76% des hommes.
Commentaire: «Les hommes sont-ils sincères ? Dans la réalité, lorsqu’un couple se crée, il s’agit le plus souvent d’une union entre une femme valide et un homme handicapé…»
OUI, mon couple résisterait si mon conjoint devenait handicapé moteur : pour 70% des sondés
NON, il ne résisterait pas (pour 4%)
NE SAIT PAS (pour 25%)
Commentaire: «Les Français font beaucoup moins confiance à leur conjoint qu’à eux-mêmes pour vivre avec une personne handicapée. Cela prouve bien que la représentation collective, culturelle, de la personne handicapée reste associée à quelque chose de très compliqué et peu agréable à vivre ; quelque chose que l’autre ne parviendra pas à supporter et qui mettra un terme
à l’amour. Finalement, les Français sont prêts à considérer que les personnes handicapées peuvent avoir une vie de couple épanouie… dès qu’ils ne sont pas directement concernés ! Lorsqu’il s’agit d’envisager le sort de leur propre couple face à une telle épreuve, leur confiance s’effrite.
Par ailleurs, 25%, c’est un pourcentage peu élevé. Comment se projeter avec certitude et connaître ses propres réactions à l’avance ? Heureusement, la réalité est rassurante : dans leur grande majorité, les couples restent soudés quand survient le handicap. »
46% des Français déclarent: OUI, mon couple résisterait si je devenais moi-même handicapé(e) moteur.
Le témoignage de Jean-Marie Barbier, président de l’Association des paralysés de France:
«Différents, comme tout le monde… C’est l’un des slogans de l’APF. Votre sondage montre que ce message commence à porter ses fruits… du moins dans les esprits. Reste à passer des intentions aux actes. En effet, la plupart des Français n’entretiennent pas un rapport naturel avec les personnes handicapées. Beaucoup affichent une gêne qui se traduit par des regards en biais, fuyants.
D’autres sont dans la compassion, quand ils ne nous plaignent pas ouvertement…
Je suis moi-même handicapé ; mon épouse, qui m’a donné trois enfants, est valide. Lorsque nous nous promenons en famille, je décèle dans les yeux de ceux que nous croisons une certaine incompréhension. Notre couple perturbe ! Soyons clairs : la plupart des gens n’imaginent même pas que nous puissions avoir une vie amoureuse. Mais mes enfants me ressemblent tant qu’ils sont vite détrompés ! Nous revendiquons la même citoyenneté que les valides, ni plus, ni moins. Et ce qui touche à la vie intime en fait partie. Mon message est simple : regardez-nous sans a priori, jugez-nous sur nos compétences, nos talents, notre caractère, notre sociabilité, notre humour… et non sur notre fauteuil.»
Méthodologie: Sondage GNS réalisé par Internet du 4 au 8 septembre 2009 auprès de 1 009 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française. Les résultats ont été redressés selon le profil de la population française par la méthode des quotas.