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 Foi, religion, croyances ...

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MessageSujet: Re: Foi, religion, croyances ...   Foi, religion, croyances ... - Page 7 Icon_minitimeJeu 18 Nov - 0:55

La fabrication de Dieu :
Entretien avec Régis Debray
Professeur de Philosophie





Pour Régis Debray, la création du monothéisme juif, l'invention du christianisme, la réforme protestante sont des phénomènes relevant d'une analyse « médiologique ». Il convient d'examiner en même temps les idées religieuses, les supports techniques de diffusion et les institutions de la transmission.
Régis Debray mène une oeuvre de longue haleine visant à comprendre l'efficacité symbolique des idées dans les sociétés humaines. Il publiait en 1980 un ouvrage intitulé Le Scribe (Grasset), dix ans plus tard un Traité de médiologie générale (Gallimard, 1991), qui posaient un programme d'études et de recherches sur ces sujets. Professeur de philosophie à l'université de Lyon-III, il a initié le développement d'une approche nouvelle au sein des sciences humaines : « la médiologie ».
L'objet central de cette discipline, R. Debray ne cesse de le dire, n'est pas l'étude de l'ensemble des problèmes liés à la communication entre les hommes ni, de manière réductrice, la seule étude sociologique du rôle des médias dans les sociétés. La médiologie, qui emprunte aux deux approches, ne s'y résume pas. Elle se pose essentiellement la question de la transmission culturelle : « Comment, par quelles stratégies et sous quelles contraintes, l'humanité se transmet-elle les croyances, valeurs et systèmes qu'elle produit d'époque en époque ? Et que cachent d'essentiel ces opérations trompeusement anodines ? Pourquoi, par exemple, Jésus s'est-il finalement "emparé des masses", et non Mani le Mésopotamien, et non le dieu oriental Mithra ? Pourquoi Karl Marx a-t-il marqué notre siècle au fer rouge et non Pierre Proudhon ou Auguste Comte ? » En un mot, la médiologie invite à ne pas penser la transmission des croyances et des cultures indépendamment des supports matériels (médias, techniques) et des supports institutionnels (organisations, Eglises, administrations ou partis). La médiologie soutient qu'il n'y a pas de système d'idées sans techniques de transmission et sans institution les transmettant.
Le projet de R. Debray prend depuis longtemps la religion, et particulièrement la religion chrétienne, comme objet d'étude afin d'examiner les liens entre les supports institutionnels, leur essor ou leurs crises (les Eglises) et les révolutions techniques (écriture, imprimerie, télévision et informatique). Son dernier ouvrage, Dieu, un itinéraire (Odile Jacob, 2001), tente de systématiser une réflexion médiologique sur la transmission religieuse du monothéisme juif, puis chrétien, depuis sa création en Palestine vers le vie siècle avant notre ère. Livre « médiologique » que cet « itinéraire de Dieu », puisqu'il comporte de nombreuses illustrations venant à l'appui de la tentative de démonstration. R. Debray en fournit l'argument dans l'entretien qu'il nous a accordé.
La création du monothéisme juif


Mais tout d'abord, pourquoi les Hébreux ont-ils inventé le monothéisme ? R. Debray s'appuie sur la réflexion historique qui souligne que la création du monothéisme est un processus long. Ce dernier s'est réalisé durant l'Antiquité (IIe et Ier millénaires avant notre ère) à l'intérieur de la société hébraïque, au cours de ses évolutions politiques et historiques. « C'est la mémoire écrite en milieu social itinérant, en l'occurrence le pastoralisme des tribus d'Israël en milieu désertique il y a environ trois mille ans, qui semble avoir été déterminante. Il s'agit là probablement de l'étincelle, aboutissant à la création du monothéisme. » D'abord structuré politiquement et socialement en tribus nomades et pastorales au IIe millénaire avant notre ère, le peuple hébreu s'est constitué en un royaume territorial (royaume de David) au tournant des IIe et Ier millénaires. Fractionnés ensuite en plusieurs Etats, marches frontières de puissants empires, mésopotamien ou égyptien, les Hébreux eurent du mal à conserver leur indépendance. L'histoire de ce peuple est jalonnée de scissions, de guerres civiles et de défaites face à ses puissants voisins du sud ou du nord. A partir du vie siècle av. J.-C., le royaume d'Israël perd son indépendance. Il est intégré dans différents empires (babylonien, perse, grec séleucide, romain). Il sera rayé de la carte après une défaite catastrophique, lors d'une révolte contre les Romains en 70 de notre ère. La première synthèse de la religion des Hébreux eut lieu vers l'an 1000 avant notre ère. La société hébraïque se structure alors politiquement sur le territoire de la Palestine actuelle (avec pour capitale Jérusalem) et élabore une religion comportant un dieu ethnique exclusif. Il s'agit alors, précise R. Debray, d'une forme d'« hénotéisme », « c'est-à-dire la mise en avant d'un dieu communautaire exclusif, refusant les dieux des autres communautés. » Il situe plus tard la création de la religion monothéiste, comme la plupart des historiens. « Le monothéisme est une création de l'exil, de la déportation babylonienne qui est bien plus tardive. » De ce moment de défaite face aux Babyloniens date la destruction du premier Temple de Jérusalem (586 av. J.-C.). Quoique les Perses, vainqueurs des Babyloniens en 539 av. J.-C., autorisent la reconstruction du Temple et accordent une large autonomie religieuse aux Hébreux, la religion se transforme profondément. Elle devient alors ce que l'on appelle précisément aujourd'hui « le judaïsme ». C'est-à-dire un monothéisme véritable.
« La toute-puissance du dieu unique à cette époque de malheur pour Israël est un effet de faiblesse, d'impuissance. C'est, semble-t-il, lorsque les hommes sont dans l'abandon qu'ils produisent une compensation psychique, idéologiquement efficace. Les prophètes et élites intellectuelles de l'époque, créatrices de la figure du dieu unique, disent en substance : " Nous sommes punis drastiquement, parce que nous n'avons pas été fidèles à notre dieu. Nous ne l'avons pas cru assez dieu. Mais désormais, puisqu'il n'y a qu'un seul dieu, il nous aidera " », précise R. Debray.
L'hypothèse médiologique lie les conditions politiques, les conditions sociales et les possibilités offertes par la technique ou les systèmes médiatiques. Elle peut paraître parfois un peu causale et mécanique : « Donnez moi l'écriture alphabétique, un peuple ballotté par les vicissitudes de la géopolitique du temps et je vous donnerai le monothéisme ! » Mais R. Debray n'en reste pas là. Pour lui, l'affaire est plus subtile et l'on doit s'interroger sur le processus anthropologique et philosophique de création du monothéisme juif.
« L'invention hébraïque est de créer un dieu invisible (c'est la conséquence de l'abstraction alphabétique) et il n'est plus besoin de voir pour croire. A un système pictographique d'écriture comme l'écriture hiéroglyphique égyptienne correspondent des dieux animaliers ou des projections monarchiques, mais il est impossible de se détacher du sensible. A l'inverse, le dieu des Judéens (juifs) n'est pas dieu des fleuves, ni dieu de l'orage, ni un éléphant, un lion ou un alligator, mais un dieu transhumain, qui ne peut être qu'induit par la formidable capacité d'abstraction de l'écriture alphabétique. Je dis cela pour compenser, en quelque sorte, ce qui pourrait y avoir d'apparemment sociomécaniste et un peu fruste dans l'idée que Dieu serait une compensation symbolique d'une situation politique ou sociale difficile. Il s'agit en fait d'une sorte de surdétermination : toute la situation de l'intelligentsia en exil autorisait l'abstraction. L'itinérance force également à l'abstraction en ce qu'elle interdit de se référer au lieu (on ne peut emporter une statue, un autel ou une acropole). Il faut bien alors emporter sa mémoire, c'est-à-dire la miniaturiser, la condenser. J'ai nommé cela la "dessiccation alphabétique", qui est tout simplement la capacité de consigner une parole, de la déposer sur un support d'écriture, de l'enrouler, et d'obtenir cette chose inouïe et grandiose qu'est le dieu "de poche". Je fais ici référence aux rouleaux de l'Arche d'alliance des juifs. »
L'Église, grande innovation du christianisme


La création du christianisme antique va constituer une inflexion dans le cours du judaïsme. Elle a constitué une grande nouveauté, notamment en ce qu'elle aurait favorisé le développement de l'individualisme. Cette thèse désormais bien assurée dans les sciences humaines est reprise par R. Debray : « Le dieu hébraïque demeurait un dieu ethnique. L'invention chrétienne va en faire un dieu " électif ", auquel pourront croire tous les hommes, quelles que soient leur ethnie, leur langue, leur ascendance... Il s'agit là du bond en avant de l'universalité, qui se fait par l'intériorité. Au départ, Dieu peut aller partout, parce qu'il peut appartenir à chacun. Il deviendra impérial plus tard. Il s'agit de l'invention d'une catégorie qui n'existe pas dans le monde grec, la conscience et le dialogue avec soi-même. Dès lors, l'individu est autorisé et s'autorise à se détacher de son groupe d'appartenance. Il s'agit également d'une rupture avec la religion romaine, religion institutionnelle de la "civitas" et de la romanité ou même des cultes à mystères comme le culte d'Isis ou de Dyonisos, plus liés à des sanctuaires, à des rituels et des initiations élitaires réservées à des sociétés secrètes. Le christianisme invente le dieu en accès libre. »
Pour le médiologue, l'essor du christianisme est lié, lui, à la création d'une institution spécifique : « L'invention majeure du christianisme est évidemment l'Eglise. En effet, un dieu non-ethnique n'a pas de support institutionnel, il ne se reproduit pas avec la culture d'un peuple. La bureaucratie de l'Eglise va en quelque sorte tenir lieu de "support ethnique". Rappelons qu'il n'y a pas de transmission sans support animé, collectif, qui est nécessairement hiérarchisé, comme toute organisation. Transmettre c'est organiser, et organiser c'est hiérarchiser. Ce sont là des invariants institutionnels et anthropologiques : lorsque l'on veut transmettre des idées, on crée un média (une revue, un livre...) et on organise un groupe, et se définissent par là-même les frontières de ceux qui sont dedans et de ceux qui sont dehors, mais aussi la hiérarchie du groupe. La mise en place de la hiérarchie ecclésiastique constitue " le prix " que le christianisme a dû payer pour son désenclavement ethnique. Il a dû inventer une autre forme d'appartenance, l'appartenance à un clergé. »
Le christianisme, de plus en plus fort dans l'Empire romain, deviendra religion impériale au ive siècle, non sans luttes et schismes fratricides incessants. L'une des grandes réalités de son avènement comme religion dominante sera la création d'un passé linéaire, exempt de toutes les incertitudes doctrinales ou institutionnelles que tous les mouvements religieux ou idéologiques connaissent à leurs débuts. Le processus d'affirmation du christianisme lors des premiers siècles de notre ère est, souligne R. Debray, un excellent moyen de comprendre les mécanismes généraux de la transmission culturelle. « La médiologie peut apporter là une idée, qui certes n'est pas neuve mais dont l'énoncé lui, l'est : " L'objet d'une transmission ne préexiste pas au processus de sa transmission." Pour aller vite, on peut dire que le christianisme s'est constitué en se transmettant, et au cours de la transmission, il a inventé son origine en se légitimant. »
En effet, dans le cas du christianisme comme dans celui du judaïsme - on pourrait le démontrer d'ailleurs pour le communisme ou les nationalismes -, les textes canoniques et l'histoire des origines sont choisis, réécrits et fixés après coup, au rythme des luttes de factions, des victoires ou des défaites internes à l'Eglise ou aux partis : « Toute société, toute communauté politique ou religieuse élabore des systèmes d'idées qui se présentent sous forme de récits, avec une origine et une destination. S'y ajoute le besoin absolu de trouver des personnages emblématiques, figures de synthèse, qui concilient les apports de plusieurs personnalités fortes, dont on garde le souvenir et que l'on cristallise : on fait des dieux avec les grands hommes. Mais il faut souligner que l'on fait également les grands hommes avec des "petits hommes", c'est-à-dire avec des personnages historiques réels. Abraham et Moïse sont par exemple très probablement des figures de synthèse, de compromis, de conciliation, forgées à partir de traces, de héros locaux, etc. La figure du Christ, quant à elle, est évidemment une figure théologique, construite. L'opération chrétienne est l'apposition d'un trait d'union entre une personne physique, Jessuah ou Jésus, et la catégorie théologique de Christ, le "Messiah" juif, choisi par Dieu pour guider le peuple. Les historiens s'accordent, semble-t-il, sur le fait que Jésus a existé, mais en tout état de cause, les dits de Jésus ont été collationnés ultérieurement par des gens qui ne l'ont pas connu. Les fameux mots du Christ sont très probablement des transformations, des conventions, des réélaborations. On se trouve là face à des processus de création symbolique, qui sont fondamentalement des processus de transmission. »
Le triomphe du christianisme va permettre un triple déverrouillage : celui de l'individu face à la communauté ; celui de la place des femmes face à la domination masculine ; celui du rôle de la représentation humaine dans la pensée et l'art occidental. « Le christianisme, dit R. Debray, c'est l'incarnation de Dieu, comme modèle et paradigme central. Or que signifie l'incarnation ? Si le corps n'est pas une souillure, puisqu'il peut en quelque sorte être divin, il existe une image sensible qui est autorisée : celle du dieu fait homme. L'image peut alors devenir le vecteur de la grâce et du sacré, ce qu'elle n'était pas du tout dans le monde grec ou évidemment dans le monothéisme sémitique traditionnel. De plus, l'incarnation, c'est donc la chair humaine, donc nécessairement la femme, puisque la chair est engendrée. Dieu fait homme a " une maman ". Dès lors qu'elle peut engendrer un dieu, la femme n'est plus ce qu'elle avait été, l'être abominable et impur que les cultures patriarcales du Moyen-Orient ont créé. Tout le jeu de la pureté et de l'impureté, qui est au coeur des religions et des catégories de pensées de l'Antiquité moyen-orientale, devient plus compliqué avec le christianisme.
Imprimerie, protestantisme et démocratie


Dès lors, on assiste à un processus en chaîne. Il faut inventer la Vierge Marie. S'il y a une vierge, il peut y avoir des saintes et des martyres, puis des moniales. On constate, et c'est important, que là où il y a admission de l'image, il y a admission de la femme et inversement, là où l'image est exclue, il y a rétrogradation de la femme. Il y a dans le christianisme une ressource, une dynamique, dans le relais féminin, et à travers cela, un ancrage dans le registre émotionnel et affectif. Ceci va de pair avec l'individualisation de la foi qui échappe au système patriarcal collectif. » On a là, selon R. Debray, une part notable de la singularité chrétienne.
Pour le médiologue, comme pour toute la sociologie, le processus de la réforme protestante que Martin Luther inaugura en 1517 fut un moment essentiel de l'histoire de l'Occident. Il est caractérisé par une révolution technologique et des transformations institutionnelles qui favoriseront le développement de l'individualisme démocratique. « La patrie de l'imprimerie et de la Réforme sont identiques, c'est l'Allemagne. Il existe une corrélation très forte entre les premier centres de l'industrie légère de l'imprimerie, dépendants d'ailleurs de la métallurgie et de la banque, et la Réforme. Cette dynamique de la démocratisation de l'écriture sera au fondement des Etats-Unis d'Amérique. Les Pilgrims Fathers au xviie siècle emportent leur Bible, un peu comme les Hébreux emportaient leur Arche sainte. Ils emportent Dieu avec eux, et ils fondent leurs communautés sur l'idée que la croyance n'est plus le synonyme d'une autorité centrale. Cette position n'aurait pas été possible sans l'imprimerie. Chacun peut alors forger sa propre Eglise : il y a aujourd'hui par exemple 220 dénominations chrétiennes aux Etats-Unis. Le processus d'individualisation de la croyance qu'a inauguré la réforme protestante s'est réalisé particulièrement aux Etats-Unis. Il est lié à la capacité de diffusion de l'écrit qu'autorise la généralisation de l'imprimerie, durant toute l'époque moderne. »
En termes médiologiques, il s'agit là du support matériel (le papier de chiffon, le caractère d'imprimerie, le support métallique, etc.) d'une transformation sociétale. Mais quelle est l'institution vecteur de cette diffusion de la croyance individualisée ? R. Debray rappelle une évidence que les historiens connaissent bien : « La famille constitue le fil institutionnel de la transmission protestante, surtout dans les pays où le protestantisme est minoritaire. De même que l'Eglise chrétienne était une sorte de contre-ethnie, on peut dire que la famille protestante est une sorte de contre-Eglise... puisqu'on a plus d'Eglise, on en invente une autre : petite, discrète, reproductible par définition, qui abrite la vérité et qui peut se transmettre de père en fils. Le support matériel de la transmission familiale était la Bible imprimée, dont le rôle était fondamental. Elle était posée en évidence, dans le salon sur le meuble le plus précieux. C'était une bible reliée, souvent annotée et que l'on se transmettait de père en fils. »
La Bible et la famille ont été l'un des ciments de la colonisation nord-américaine. Aujourd'hui, le « nouveau monde » américain, aussi bien du Sud que du Nord, demeure fortement pénétré de la croyance et de la pratique chrétienne. « Je crois, dit R. Debray, que la vitalité monothéiste aux Etats-Unis est née précisément par l'individualisme. La révolution bourgeoise a déstabilisé la croyance chrétienne en Europe, dans la mesure où celle-ci était " enkystée " dans des formes autoritaires, verticales et hiérarchiques, issues de la monarchie ou du féodalisme. Aux Etats-Unis, le christianisme arrive par la famille et l'individu. La foi chrétienne n'est pas liée à une pyramide autoritaire, ou politiquement compromise avec des formes archaïques de domination. On constate aux Etats-Unis, jusqu'à nos jours, la singulière alliance d'une politique libérale et d'une mystique monothéiste qui explique probablement en partie le maintien de pratiques et de croyances religieuses à un degré inconnu en France, ou dans certains pays européens. »
Contrairement à certaines affirmations philosophiques ou croyances scientifiques en l'avènement de la raison que le xixe ou le xxe siècle ont portées, la figure de Dieu résiste dans les sociétés contemporaines : « La fonction "dieu" dans les sociétés humaines est liée à l'organisation collective. Les tentatives historiques de libération de Dieu ont débouché sur des ersatz et des bricolages de remplacement, souvent meurtriers : tous les cultes de la personnalité des pays totalitaires en sont l'attestation. La vraie question est de savoir si la République (la communauté politique) peut être totalement sécularisée, comme on l'a cru parfois dans nos sociétés. Je constate que lorsqu'il y a eu politique républicaine, en France par exemple, il y a eu mystique républicaine. La République peut-elle s'écrire avec un "petit r" ? Le fait est que lorsqu'elle se laïcise complètement, les communautés et les allégeances cléricales réapparaissent. Assiste-t-on à un transvasement de la sacralité d'un espace politique à un espace religieux ? Ma conviction est que plus on prend en compte l'importance de l'inconscient religieux des sociétés, mieux on peut faire avec : en tout état de cause, il faut négocier avec le sacré. » Propos recueillis par Jean-Claude Ruano-Borbalan

Régis Debray
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MessageSujet: Re: Foi, religion, croyances ...   Foi, religion, croyances ... - Page 7 Icon_minitimeJeu 18 Nov - 1:13

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L'EGLISE VAINCUE PAR LE LIBERALISME ? ? ?

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Le Monde des religions publie ce mois-ci un sondage où, à la question "Quelle est votre religion, si vous en avez une ?", seulement 51 % des personnes interrogées répondent "catholique", alors qu'elles étaient 67 % en 1994 dans un sondage réalisé pour Le Monde. Etes-vous surpris par cette érosion ?

Un sondage de 1998 donnait déjà ce chiffre de 51 %. Ce qui compte, c'est l'évolution sur la longue période. Une rupture se produit vers 1975-1980 : auparavant, les catholiques déclarés représentaient environ 80 % et, à partir de là, leur nombre décroît pour s'établir autour de 50-55 %. Ce sondage confirme donc une tendance. Mais ce qu'il révèle d'essentiel, c'est le détachement vis-à-vis de la religion institutionnelle. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait plus de sentiment religieux, plus de foi, plus de pratique religieuse. Mais il y a une désinstitutionnalisation au sens où les gens, au lieu de raisonner en termes d'appartenance à une Eglise, raisonnent en termes d'adhésion à des valeurs et d'identification, totale ou partielle, à un foyer de sens.

La France est-elle une exception ? Pas du tout. Ce constat vaut pour toutes les sociétés occidentales développées, même si la France est la plus sécularisée. C'est le grand triomphe du libéralisme : la religion n'englobe plus tous les aspects de la vie des personnes et de la société, elle devient une affaire privée.


La généralisation du libéralisme de marché au tournant des années 1980 aurait-elle accéléré ce changement des mentalités en matière religieuse ?

C'est moins le libéralisme économique qui est ici en jeu que le libéralisme culturel : l'idée d'une séparation entre les différents domaines, le religieux, le politique, l'économique et surtout, cette césure entre sphère publique et sphère privée. C'est sur ce point que le catholicisme et la modernité libérale se sont heurtés depuis le début. L'Eglise n'a cessé de condamner la privatisation du religieux. La subjectivité prend le pas sur le dogme : est religieux ce que je définis comme tel. Dans un sondage auprès des 12-15 ans publié il y a quelques années dans Okapi, des mots tels que justice, vérité, liberté, amitié étaient considérés par une majorité d'enquêtés comme religieux. Est religieux ce à quoi on tient le plus. Au lieu d'une définition extérieure, objective et institutionnelle du religieux, on a une définition personnelle et mouvante. Et ce subjectivisme va de pair avec le relativisme qui est le deuxième front sur lequel se bat l'Eglise catholique, avec tout aussi peu de succès.

Comment se traduit ce relativisme ?

Dans le sondage du Monde des religions, seulement 7 % des catholiques estiment que le catholicisme est la seule vraie religion. En 1952, ils étaient plus de 50 % ! Plus surprenant encore, le noyau dur des pratiquants qui vont à la messe tous les jours est aussi relativiste : 52 % d'entre eux estiment qu'"on trouve des vérités dans différentes religions". C'est le même pourcentage que chez les non-pratiquants.

Qu'est-ce que cela dit de la foi ?

Cela veut dire que l'on peut avoir une foi qui imprègne tous les aspects de sa vie, et considérer que d'autres accès à la vérité sont légitimes. C'est l'essence même de la modernité libérale que d'admettre que la vérité existe, mais qu'elle est relative à celui qui en fait l'expérience et qu'aucune autorité ne peut vous l'imposer. Quand le Vatican pourfend le relativisme, il pourfend une réalité irrépressible. Pour le magistère, le relativisme conduit à l'indifférentisme - toutes les religions se valent - puis à l'indifférence - si elles se valent toutes, aucune ne vaut. Or le sondage montre que les gens sont relativistes mais non indifférentistes : ils ne sont que 39 % à dire que toutes les religions se valent. C'est au sujet individuel d'apprécier la valeur relative d'une religion indépendamment de l'institution.

Comment l'Eglise vit-elle cette montée du subjectivisme ?

Il est difficile pour l'Eglise de renoncer à la primauté de sa version de la vérité. Il y a selon elle une objectivité des contenus de foi. Or cette approche est en contrariété avec notre culture dans laquelle c'est le sujet qui décide ce qui est vrai, bon ou juste pour lui. Le relativisme contient l'idée de relation : est vrai ce qui est en relation avec moi. Et l'on passe du règne de la vérité au règne de l'authenticité : être soi-même et non pas être conforme à des vérités extérieures, choisir ce qui est pertinent pour sa propre expérience.

Quelles sont les conséquences sur les pratiques religieuses ?

Les gestes extérieurs prescrits par l'institution, la pratique cultuelle par exemple, s'effritent plus vite que ce qui relève du for interne comme la prière. Comme le révélait déjà un sondage de 1985, l'identité chrétienne ne s'exprime plus pour la majorité des gens par la participation au culte, mais par des gestes privés tels qu'"aider ceux qui sont dans le besoin autour de soi" ou "prier, penser à Dieu". Le subjectivisme va en outre de pair avec une certaine hétérodoxie : chacun choisit dans le corpus des croyances celles qui font sens pour soi et qui apportent du réconfort. Ainsi la croyance au paradis est plus répandue que la croyance dans l'enfer. La croyance est évaluée selon un critère d'utilité. Et la pertinence de la religion s'éprouve ici-bas : la question du salut au-delà de la mort est complètement dédramatisée.

Mais alors, qu'est-ce qu'être catholique aujourd'hui ?

C'est plus difficile qu'auparavant de le définir. On peut être dedans sur un point et dehors sur un autre, on peut se rattacher à une tradition et à une Eglise mais aussi plus souplement à un fonds de valeurs ou à une sagesse. Parmi les catholiques qui croient en Dieu (52 % seulement), 79 % le définissent comme "une force, une énergie, un esprit". Seuls 18 % le définissent conformément au dogme. Donc l'enjeu est radical : soit on déclare que ces gens sont en dehors du catholicisme, soit on aborde le problème d'un point de vue sociologique et l'on estime que ces gens-là se disent catholiques, donc que c'est cela le catholicisme aujourd'hui. Mais cela pose le problème de l'identité de l'institution. Car il y a très clairement un hiatus aujourd'hui entre le dépôt de foi tenu par l'Eglise et la foi déclarée des catholiques.

Quelles sont les conséquences politiques et sociales de ces nouvelles approches ?

L'une des grandes corrélations découvertes par la sociologie politique est que, plus on est pratiquant, plus on est de droite et conservateur. Mais l'on s'aperçoit que, parmi les pratiquants, ceux qui lisent la Bible par eux-mêmes tendent à voter moins à droite, et ceux qui animent la liturgie, encore moins. Autrement dit, l'expression religieuse peut exprimer l'autonomie et la liberté personnelles et s'associer à un vote de gauche, ou exprimer l'allégeance et la soumission et s'associer à un vote de droite. Et à mesure que l'emprise catholique sur les populations se desserre, le lien entre orientation du vote et intégration religieuse se distend : la variable religieuse introduisait un écart sur la répartition droite-gauche du vote de 68 points en 1978 et seulement de 42 points en 2002.
Avec la sécularisation, les gens reconnaissent à l'Eglise une pertinence pour ce qui relève du spirituel. En revanche, ils s'en défient pour ce qui concerne les problèmes familiaux, sociaux ou éthiques. C'est la prétention intégraliste de la religion qui est rejetée. Cela ne veut pas dire que la foi des individus n'a aucune conséquence sur les autres aspects de leur vie, mais qu'ils dénient à l'institution le pouvoir de leur dicter leur conduite, même morale.

Les religions ont-elles encore une place dans la vie publique ?

Dans la tradition libérale, les religions ont un rôle positif à jouer, à condition que les institutions soient séparées et que les opinions religieuses ne s'expriment publiquement qu'à titre privé. Ce rôle public des religions passe par la reconnaissance du pluralisme religieux, car on suppose que, plus on multiplie les points de vue, plus la vérité peut être atteinte. Les religions peuvent remplir un rôle de médiation ou de proposition de sens, comme dans le Comité national d'éthique ou le Haut Conseil à l'intégration. Il faut par ailleurs que la nation ait une connaissance de son passé religieux. On sait que l'enseignement des religions représente un problème crucial pour l'éducation nationale, et il est regrettable que la théologie soit interdite de cité à l'Université française, au contraire des autres pays.

Ce constat général de sécularisation vaut-il pour les autres religions ?

Rien ne peut résister dans une société libérale à la promotion du sujet souverain. L'Eglise catholique a été vaincue sur ce point par le libéralisme, les autres religions le sont ou le seront à leur tour. Par exemple, la désaffection à l'égard de la pratique est manifeste dans l'islam, à part le ramadan qui est très suivi, peut-être à cause de son caractère collectif. On peut parler de religions à la carte et pas seulement de catholicisme à la carte.

Comment voyez-vous l'avenir du christianisme en France ?

Nous assistons moins à la décomposition du christianisme qu'à sa recomposition. Il se peut que, dans l'avenir, le christianisme ne se réfère plus à une institution mais à de petits groupes affinitaires du type secte. L'Eglise, on y naît et on y meurt ; le groupe sectaire, on y adhère volontairement . Une autre évolution possible est de type mystique : le royaume est à l'intérieur de chacun et, là encore, le mode de validation de la foi est subjectif et dévalue l'institution. L'Eglise n'est pas un type d'organisation en affinité avec la modernité. Elle ne survivra que si elle cesse de fonctionner à l'autorité et à la prescription.
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MessageSujet: Re: Foi, religion, croyances ...   Foi, religion, croyances ... - Page 7 Icon_minitimeJeu 18 Nov - 1:32

Le théologien José Comblin rapproche le climat crépusculaire et anxiogène qui règne déjà dans les Palais Apostoliques de la fin du Pontificat de Pie XII. Avec la condamnation de théologiens remarquables, la censure et l’auto-censure de la pensée théologique, la condamnation des prêtres ouvriers, la fixation exclusive sur le danger marxiste. Aujourd’hui, estime Comblin, comme à la fin de l’ère ¨Pacelli - un Pape que Benoît XVI entend d’ailleurs porter aux honneurs des autels - la situation du catholicisme institutionnel ressemble à un château médiéval, encerclé de toutes parts, au sein duquel règnent la peur et la suspicion. Nous sommes très loin de l’esprit de l’Evangile qui nous pousse au large. Marginalisée dans un monde qu’elle redoute et qu’elle condamne - en rupture avec l’esprit de Vatican II, celui d’une valorisation positive des signes des temps - l’institution ecclésiastique semble vouée à s’éteindre.
Cela s’explique. Comblin montre en effet que nous sommes au crépuscule non du christianisme mais de la chrétienté. Autrement dit d’une époque de l’histoire où dominait une compréhension toute relative du message chrétien. Sous le signe du pouvoir. C’est la fin d’une époque non de l’histoire. D’un monde et non du monde. Mais il est assez facile à comprendre qu’une telle évolution conduise certains à des réactions de défense et de peur. Bien entendu vaines et contre-productives. Nous ajouterions volontiers, en référence à la confidence d’un mystérieux cardinal, que le Conclave 2005 a été entièrement dominé par la peur et que l’élection du cardinal Ratzinger s’explique en bonne part ainsi.
Cette agonie de la chrétienté peut s’étendre encore plus longtemps que prévu. Un mourant connaît parfois des sursauts. Mais au final elle semble inéluctable.Un ordre des choses s’étiole, ou s’effondre. Certains tentent de rebâtir ce monde englouti. O n peut comprendre leur motivation pourtant vouée à l’échec. Il est désolant cependant que la plupart des hommes possédant aujourd’hui un grand pouvoir dans l’Eglise catholique s’y enferre.
Les hommes d’aujourd’hui, dans leur immense n’attendent plus rien de l’institution catholique et du magistère romain. Jadis, le Père Jean-Yves Calvez avait intitulé l’un de ses ouvrages « les silences de la doctrine sociale de l’Eglise ». En ce sens que faute de parole crédible et convaincante de sa part, le leadership catholique s’est discrédité. Il parle mais dans le vide et n’est plus entendu. Car il s’accroche désespérement à une logique et à une cohérence qui ne sont plus de mise. Et qui, de surcroît, sont à certains égards très éloignés de l’Evangile.
Or le Vatican refuse d’admettre que la chrétienté est morte. Il persiste à croire que son leadership est jugé encore convaincant et que les institutions ecclésiastiques ont encore un grand pouvoir moral. Sans doute, depuis les affaires de pédophilie, les hiérarques les plus obtus sont ils en partie obligés de prendre conscience d’une situation délicate. Mais pour ne pas se remettre en question, ils sont alors tentés de diaboliser le monde contemporain.
Mais la critique débouche toujours sur l’espérance. L’effondrement des vieux murs n’est pas le dernier mot. Encore faut-il en prendre acte pour aller plus loin. Et mener la lutte.
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MessageSujet: Re: Foi, religion, croyances ...   Foi, religion, croyances ... - Page 7 Icon_minitimeJeu 18 Nov - 1:57


<H1>Euthanasie du christianisme




5Si le christianisme est frappé de mort, il faut bien voir qu’aux yeux de Nietzsche la cause n’est pas à chercher à l’extérieur du christianisme lui-même. Très différent en cela du rationalisme dominant en son siècle, et même de la philosophie des Lumières qu’il admira pourtant à l’époque de Humain trop humain, il ne pense pas que la religion reculerait devant les poussées d’une raison davantage maîtresse d’elle-même, ou sous les « avancées » des sciences. Il affirme même dans l’aphorisme 300 du Gai Savoir que ce sont les religions qui ont donné une impulsion décisive à la soif de connaissance d’où sont nés les sciences, car elles ont ouvert l’homme à un univers plus vaste que l’univers familier du monde sensible, et elles ont suscité en celui-ci « la faim et la soif de soi-même et à trouver en soi rassasiement et plénitude » ; et de manière hautement significative le texte cite ensuite Prométhée comme caractéristique de cette illusion typiquement religieuse « d’avoir dérobé la lumière », avant de découvrir que ce désir de lumière était « l’œuvre de ses mains ». Mais il n’en reste pas moins que l’impulsion à connaître est venue de la religion. De manière plus générale, s’il n’y a aucune « vérité » dans les religions, selon l’aphorisme 110 de Humain trop humain, la religion est utile, même nécessaire à l’homme en ce qu’elle lui donne la force de vivre 1 ; elle n’est donc pas à mettre du côté des illusions en tous points néfastes, pas non plus du côté de ces erreurs dont on pourrait se passer facilement. Si la religion donne à l’homme la force de vivre et si la religion s’efface, où trouver cette force de vivre ? Est-il sûr même que l’homme moderne la trouvera facilement ?

  • 1 . Cf. aussi Le Gai Savoir § 110.



6L’originalité de la critique nietzschéenne du christianisme vient de ce que Nietzsche considère le christianisme comme une religion essentiellement réactive, c’est-à-dire foncièrement instable et contradictoire. Il est bâti sur des contradictions qui ne peuvent pas ne pas s’effondrer à plus ou moins long terme, et ce terme est désormais arrivé. Si l’on suit les analyses de l’aphorisme 357 du Gai Savoir (et l’on pourrait s’appuyer sur d’autres textes qui conduiraient à des approches sensiblement différentes, mais cohérentes pour l’essentiel avec ce passage), on dira que le christianisme meurt de la contradiction entre sa morale et le dogme. Le croyant est en effet éduqué à l’examen de conscience, à la rigueur d’analyse de ses actes, à la minutie dans l’appréciation des mouvements de son âme par rapport à la volonté de Dieu. De ce point de vue le christianisme apporte une insistance sur la subjectivité qu’ignoraient les Grecs antiques, insistance telle que tout retour aux Grecs est désormais impossible, puisque nous ne parvenons même plus à comprendre leur univers moral et religieux. Mais cette éducation patiemment faite au cours des siècles avive l’honnêteté intellectuelle du croyant, et de manière général de l’Européen formé par le confessionnal et la direction de conscience. Vient un jour où la probité intellectuelle se retourne sur le système de croyance ; celui-ci devient proprement incroyable (foi en une Providence menant l’histoire, en la bonté d’un Dieu qui dispose tout pour le meilleur, donc en l’idée d’une « finalité morale de l’ordre universel », en la Rédemption sacrificielle par le Christ, etc.). Ce qui s’oppose donc au christianisme, ce sont moins nos arguments que notre goût : nous ne pouvons plus, « nous bons Européens héritiers de cette selbstüberwindung la plus durable et la plus courageuse dont l’Europe ait fait preuve », entrer dans le système de croyance proposé par le christianisme. Celui-ci en tant qu’éducateur nous a aliéné à lui-même, et il s’effondre du dedans par une lente érosion dont la Réforme luthérienne, par exemple, fut un moment essentiel et typiquement réactif (Luther croyait redonner vigueur primitive à la foi, mais il contribuait en réalité à sa ruine en désacralisant et le prêtre et la Bible livrée à l’emprise de chacun).

7On pourrait dire en d’autres termes que le christianisme a survalorisé l’homme, l’a mis au centre, lui a fait croire en sa valeur infinie auprès de Dieu au point qu’il était nécessaire que Dieu acceptât le sacrifice de son propre Fils pour sa Rédemption (selon la version paulinienne du christianisme que critique particulièrement Nietzsche). Il importe au plus haut point de bien noter l’accusation centrale, généralement méconnue des interprètes, particulièrement des théologiens chrétiens : elle porte contre cet anthropocentrisme chrétien, contre cette boursouflure orgueilleuse de l’homme à qui l’on fait croire qu’il est plus important qu’il n’est en réalité, puisque, selon les principes essentiels du christianisme, Dieu se tourne vers lui et a souci de son salut. Anthropomorphisme proprement risible, puisque l’homme n’est qu’une fourmi perdue dans le vaste monde, Nietzsche n’a cessé de le répéter dans des textes fulgurants par leur implacable mise en cause de la superbe humaine trop humaine. C’est le christianisme qui, selon Nietzsche, donne une place excessive à l’homme, qui fait sortir l’existence de ses gonds et donc lui donne une importance qu’il n’a pas en réalité. Une telle « présomption » a d’ailleurs pour effet de précipiter dans une morale ascétique impitoyable, puisque le chrétien doit être à hauteur d’une vocation si haute et éliminer de sa vie toute attache passionnelle indigne de lui. Mais il a aussi pour effet à plus long terme de faire prendre conscience à l’homme de sa propre valeur unique. Par contrecoup il fait découvrir que le Dieu chrétien trop bon et trop miséricordieux n’a qu’un visage trop humain, qu’il est l’idéal tout humain sous couvert duquel l’homme s’affirmait et se valorisait ; du coup ce Dieu ne peut plus être reconnu que comme un dieu pitoyable, non comme le divin même. C’est cette logique autodestructrice qui a engendré l’athéisme moderne, c’est donc le Dieu chrétien qui meurt par inconsistance, contradiction et exténuation de soi. En ce sens l’athéisme est le fruit du christianisme lui-même, manifestant au grand jour son essence destructrice et nihiliste.


</H1>
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MessageSujet: Re: Foi, religion, croyances ...   Foi, religion, croyances ... - Page 7 Icon_minitimeSam 27 Nov - 16:14

https://youtu.be/cz_l_L37VkU


chant "A Toi la Gloire "
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MessageSujet: Re: Foi, religion, croyances ...   Foi, religion, croyances ... - Page 7 Icon_minitimeMer 1 Déc - 12:28

http://www.icp.fr/fr/content/download/5798/90787/version/1/file/ad_fdc_CEFaKaptijn_20090428.pdf


SOUPLESSE dans le code du droit canonique...catholique romain (ou latin)

Les Eglises catholiques orientales ayant un autre code de droit canonique..

les Eglises protestantes n'ont pas de code de droit canonique

mais bien souvent il faut respecter les versets bibliques

à la lettre et hors de leur contexte.
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MessageSujet: Re: Foi, religion, croyances ...   Foi, religion, croyances ... - Page 7 Icon_minitimeMer 1 Déc - 13:45

l'Eglise au péril de ses lois..


http://www.culture-et-foi.com/critique/charles_wackenheim.htm
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MessageSujet: Re: Foi, religion, croyances ...   Foi, religion, croyances ... - Page 7 Icon_minitime

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